mardi 30 mars 2010

[Concert] The Wake à Paris

Certes, question indiepop Paris est encore loin de Londres et pas encore au niveau de Nottingham, mais on aurait tort de se plaindre des concerts de cette année. En attendant Labrador et après Harvey Williams, Liechtenstein et The Would-Be-Goods, ce sont les mythiques vétérans de The Wake qui nous rendront bientôt visite, rien de moins ! Et pour les avoir vus récemment ils valent toujours le détour. Rendez vous donc le 8 mai au Point Ephémère.

lundi 29 mars 2010

Soda Fountain Rag - It's rag time ! [2008]

Label : Yesboyicecream

Let's build an army of silent kids
If we all whisper a little bid louder
The noise will be heard and we will be seen

J'avais aimé son concert au Popfest. Un set nerveux, une bonne présence scénique et des chanson tendues joliment servies par une formule en trio : l'album de dame Ragnhild Holdstal Jordhal était bien parti pour squatter ma platine. Les premières écoutes en furent d'autant plus cruelles. "I want to be your cat" n'est pas là - et d'où sort ce clavier cheap qui couvre voire remplace la guitare ? Déception. Soucieux de lui éviter un aller simple pour le cimetière des achats ratés je laissais une dernière chance à la bête... et la révélation vint des derniers titres. De "Don't kill the clowns" d'abord, par ce chant entraînant doublé d'une guitare enfin retrouvée. Et surtout du final monumental qu'est "Everything ready (baby, that's a fact)" : climat 80's, claviers parfaitement en place, refrains hypnotiques en rafale. Avec ces deux clés en main l'ensemble de l'album m'apparut soudain sous son meilleur jour. "Driving in your car", "The saddest boy again" ou encore "Go!" méritent le détour. Deux mots sur l'auteur de cet ovni : parce que le concept de do it yourself n'est pas entièrement vain, cette jeune Norvégienne fait tout de A à Z. Et son premier disque fut publié en 2006 par les Français de Anorak Records. Cocorico.


jeudi 11 mars 2010

The Smittens - The coolest thing about love [2008]

Label : Happy Happy Birthday To Me
Indice PCDM : 2.24 - Pop indie

"Being nice is a political act" (Colin Clary)

Avec désormais trois albums au compteur ce quintet américain fait presque figure d'exception dans un paysage indiepop plutôt habitué aux 45-tours. A l'image de leur pochette les Smittens sont résolument doux et célèbrent leur amour de la pop par des vignettes musicales de 2-3 minutes, guère plus. Leurs atouts ? Avant tout un brillant mariage de voix : plutôt baryton pour le claviériste Max Andrucki, aérienne pour la guitariste Dana Kaplan, entre-deux pour le chanteur Colin Clary. Et surtout un talent évident pour les mélodies immédiates qui donnent à la plupart de leurs titres une coloration enjouée et quasi irrésistible. Gumdrops, Something sassy, One hundred roses, Good to go, 11:11, Half my heart beats sont autant de singles potentiels aux allures de sucreries sonores. Et pour être sincère, je ne peux qu'offrir tout mon amour à un groupe capable de sortir ce genre de jolies choses :

lundi 8 mars 2010

London Popfest - last day

Dimanche 28 février - The Lexington

Qu'il est accueillant ce pub... Dommage qu'un réveil un peu tardif nous ait privé du Pop Quiz. Le duo suédois Leaving Mornington Crescent ouvre ce dernier jour : ils n'ont certes pas inventé le fil à couper le beurre et le chant est un peu bancal mais l'ensemble dégage un certain charme, parfait pour se mettre dans l'ambiance. Enchainement avec Jyoti Mishra alias White Town dont le premier titre nous cueille de plein fouet au retour de notre énième pause cigarettes. Plus que l'homme lui-même - indiscutablement attachant - c'est cette voix magnifique qui scotche. Sourire général sur "Your woman", toute l'assistance rajeunit de 13 ans. Where were you when... Concert sans faute hormis des accompagnements à l'Ipod qui couvrent parfois la pureté acoustique. Comptant notamment un membre de The Drums, les très attendus Horse Shoes me laissent totalement froids. Chanteur trop maniéré, son trop cold wave, chansons manquant d'intensité, je passe mon tour et laisse mon regard dériver tout autour de moi : un Smittens, deux Pocketbooks, Harvey Williams, un Understudies, des créateurs de labels plus la quasi-totalité des groupes que j'ai admiré ces derniers jours... et là bas c'est Robert Wratten (Field Mice, Trembling Blue Stars) qui se dandine. Où ailleurs assiste-t-on à un concert en pareille compagnie ? C'est encore une fois cette fusion entre artistes et spectateurs et cette ambiance chaleureuse qui donnent le sentiment d'appartenir à un formidable groupe uni par des goûts ô combien démodés - voire moqués - mais toujours actif.

Il est bientôt l'heure de se séparer et la salle est comble pour accueillir The Wake dont les membres ne sont plus tout jeunes - leur bassiste m'évoque irrésistiblement le Rod Argent cuvée 2009, le balai O'Cedar sur la tête en moins. Esprit de contradiction ? L'ex-formation de Bobby Gillespie choisit ce soir de mettre en valeur les titres de sa période Factory au détriment de celle, si chère au cœur des spectateurs, de Sarah Records. Je reste bouche bée une bonne partie du concert tandis que le reste de la salle prend un pied non dissimulé : pari gagné sur toute la ligne. Il y aura ensuite un resto, un autre pub, une fin de soirée prolongée, tout ce qui sera possible pour prolonger l'état de grâce mais viendra fatalement l'heure de regagner Paris. Le blues post-festival joue encore à plein aujourd'hui, heureusement atténué par la perspective des concerts et des rencontres qui nous attendent en juillet, du côté de Ripley : plus que quatre mois et demi avant Indietracks.

Sometimes summer never comes...

samedi 6 mars 2010

London Popfest - 3rd day

Seigneur, ce réveil... Jamais mes yeux n'auront eu autant de mal à s'ouvrir. Plus question de faire du shopping, nous cheminons tels deux escargots éblouis vers le centre de Londres tout en grignotant des sandwichs lose pour éponger le trop-plein de la veille.

Samedi 27 février - 100 Club

Cet endroit est un peu trop grand, trop sombre aussi - ce qui finalement n'est pas un mal. Et, miracle, nous pouvons faire assoir nos vieilles carcasses entre deux visites au somptueux stand de disques. L'oeil vif, Gordon McIntyre se marre avant d'entamer judicieusement "The hangover song" : "Je viens juste d'arriver et je pète la forme. Vous par contre... Vous avez des sales têtes". Difficile de lui donner tort : la moitié du public traine les stigmates de la nuit pendant qu'un membre de Horse Shoes s'endort à même la table, doublement vaincu par l'alcool et le jet-lag. Qu'importe, en bon troubadour écossais McIntyre offre un set de qualité et fait chavirer les cœurs.

On n'en dira pas autant du groupe suivant - qui ne mérite même pas d'être nommé ici. Incapables de jouer deux accords de suite, de chanter, de sortir une composition potable, de faire des blagues drôles, ni même de siffler juste. Même leur mélodica déclare forfait ("Impossible techniquement !" s'écrie ma camarade. Et pourtant...). Personnifiant la twee pop dans ce qu'elle a de plus caricatural et de détestable, ***** auraient mérité qu'on les larde de fléchettes et constitueront un sujet de vannes récurrent tout au long du weekend. Il faudra tout le talent de Red Shoe Diaries pour exorciser ce contretemps, et Dieu merci ils y parviennent au delà de tout espoir. Leurs chansons sont excellentes. "Underage disco" est une véritable bombe digne de figurer dans toutes les compilations Rough Trade jusqu'à la fin des temps. Je fonds devant leur chanteuse. Tout va pour le mieux, au point que je retombe amoureux dès que la jeune Ragnhild Holdstal Jordal alias Soda Fountain Rag s'empare de la scène. Une présence réelle malgré son statut de batteuse-chanteuse, en lutte constante avec des cordes vocales fragilisées pour disperser plusieurs trésors de compositions. Superbe découverte.





Est-ce la fatigue, l'accumulation de concerts ? Je regrette de ne pas avoir gardé de souvenir précis de Standard Fare en dehors de leur jeunesse, leur enthousiasme et leur succès à l'applaudimètre : à revoir à Indietracks. Pour son second passage successif au Popfest Allo, Darlin' s'impose haut la main avec un cocktail de bonne humeur et de pop songs pétillantes. Elizabeth Morris prend un pied manifeste au micro et décolle littéralement sur une version parfaite de "Polaroid song". Bloody great.


Une brève escapade dinatoire nous prive du punk-pop-bubblegum de Dorotea. Retour dans les temps pour suivre Shrag dans un registre beaucoup plus noisy. Les chansons y sont glapies et non fredonnées, la sueur dégouline. Pas trop ma tasse de thé - mis à part deux titres impressionnants - mais ils ont ici le mérite de l'originalité.

Il est temps pour Gordon McIntyre de revenir sous les couleurs de Ballboy avec son groupe au grand complet. Je n'avais pas l'heur de le connaître mais on n'aurait pu rêver meilleur concert de clôture. Les yeux fermés je savoure chaque note, enveloppé de cette voix fabuleuse ; dans la salle  désormais silencieuse l'émotion est palpable, et chacune des chansons jouées déclenche une tempête d'applaudissements. Les Ecossais ont décidément peu de rivaux... La suite de la nuit se révèle bien plus sage que la veille tant nos jambes martyrisées rechignent à tricoter sur Belle & Sebastian et le 100 Club se vide petit à petit de ses occupants. Sourires, toujours. Il reste encore un jour.

Photos : in search of lazy jane.

jeudi 4 mars 2010

London Popfest 2010 - 2nd day

Ce deuxième jour est également le dernier où nous aurons du temps pour parcourir la ville. Bien que retardés par les habituels errements du tube, nous scrutons chaque millimètre des bacs de DOC records et de Rough Trade Shops. Timing trop serré pour voir le début de Pays de Galles - France, direction le Buffalo Bar pour la suite des réjouissances.

Vendredi 26 février - Buffalo bar

Les bières sont vendues uniquement en bouteilles, plus chères mais également plus pratiques pour danser. Difficile cependant de retrouver sa Tiger posée au milieu d'une forêt de petites sœurs. D'une taille idéale, le Buffalo sera probablement ma meilleure soirée du festival. Armés d'un son quasi parfait The Sunny Street confirment d'entrée tout le bien que je pensais d'eux, alternant joliment entre ambiances 80's cotonneuses et passages noisy. Le chant féminin s'interrompt régulièrement à mi-chemin des titres pour laisser place aux guitares, l'ensemble est à la fois varié et cohérent. Mentions spéciales à "Pottery and glass" et  à la mélancolique "Greasy chips" avant une surprenante reprise du "What is love" de Haddaway. 

En provenance directe de Suède, The Garlands disposent de sérieux atouts en la présence d'un joli trio de chanteuses. Et au delà du visuel il ne me faudra que trois secondes pour me convaincre d'acquérir leur 45-tours repéré à l'entrée du bar. S'appuyant sur des harmonies enjouées et une guitare jangly au possible, leurs chansons s'avèrent d'une efficacité redoutable en dépit d'un léger manque de variété. "Open arms", notamment, est une bombe pop comme on en voit trop rarement. Baffe. Enchaînement avec Horowitz, auteurs entre autres de l'excellent single "How to look imploring" [Cloudberry records]. Ça joue fort mais le son n'est pas à la hauteur et les tympans souffrent sous les aigus trop agressifs. Dommage.

Tête d'affiche du jour : The Just Joans. Ce groupe est décidément unique en son genre. Avec cet accent écossais à couper au couteau et ces sonorités dépouillées leurs chansons ne sont pas belles au sens propre du terme mais dégagent cependant une amertume fascinante, soulignée par l'humour grinçant de David Pope. "Cette chanson s'appelle "Teenage tears"... et j'ai 29 ans. Ça craint". "Hey boy... you're oh so sensitive" est jouée d'entrée et ma chère "What do we do now ?" ne manque pas non plus à l'appel. Je n'aurais jamais cru voir ça en live un jour.



C'est l'heure du DJ set qui offre aux indiepop kids l'occasion de s'agiter sur leurs titres favoris jusqu'à quatre heures du matin. La suite de la nuit m'évoque une succession de flashs, tous plus mémorables les uns que les autres. Voir tout le monde danser avec un sourire permanent, scander les paroles de "You should all be murdered" tandis que Harvey Williams, l'auteur de cette perle, contemple la scène d'un air ravi. Discuter et boire avec quantité de musiciens adorables. Prendre le frais avec la chanteuse de Pocketbooks et hurler de concert en pleine rue lorsque les premières notes du "Sensitive" de Field Mice s'échappent du bar. Chanter en chœur la divine "There is a light that never goes out" des Smiths.

Take me out tonight, where there's music and there's people who are young and alive

Il est près de cinq heures lorsque nous titubons enfin jusqu'à notre hôtel, heureux et quelque peu inquiets pour la suite. Avec des all-dayers débutant dès 15h, les deux derniers jours du festival représentent en effet un défi majeur : il va falloir tenir la distance.

Photo : Marianthi

mercredi 3 mars 2010

London Popfest 2010 - 1st day

Pluie constante, auberge de jeunesse miteuse, transports publics en rade, full English breakfast... Londres ne change pas. Nous non plus : nos louables projets de visites culturelles ont encore une fois cédé devant l'appel des disquaires pour une addition à trois chiffres.

jeudi 25 février - Café Oto

"London folkfest" : tous les artistes de la soirée jouent en acoustique, un choix de programmation assumé mais guère compatible avec les retrouvailles enthousiastes d'une bonne partie du public. Rob Price de Airport Girl ouvre le bal avec un agréable set sous influence Go-Betweens, suivi de The Pines qui ne parviennent hélas pas à reproduire l'excellente impression qu'ils m'avaient laissé sur disque. Les harmonies tombent à plat, l'ensemble manque de cohérence : retour sous la pluie pour quelques cigarettes.


Avec son look de biker chevelu Withered Hand fait sensation. Vannes cyniques, voix impressionnante et jeu de guitare proche d'Elliott Smith en font mon premier coup de cœur du festival. Je file acheter son disque avant d'aborder le claviériste des Smittens repéré dans l'assistance pour discuter d'un éventuel concert à Paris. Retour à l'extérieur où je goute aux joies de la célébrité quand les deux Français de The Sunny Street me "reconnaissent" suite à la note postée à leur sujet voilà quelques semaines. La discussion se poursuit tout le reste de la soirée au point que nous manquons l'essentiel de la tête d'affiche Rose Melberg. Pas de regrets : les défauts des Softies sont ici amplifiés, et le climat bien trop solennel nous rendent ses compositions encore plus soporifiques. Pas de DJ set, tout se termine gentiment autour d'une table bien chargée en compagnie  - entre autres - des Suédoises de The Garlands. Une fin de soirée tranquille, nous ne savions pas encore les jours suivants seraient autrement plus épuisants.