Votée en 1981, la loi établissant la règle d'un prix de vente unique du livre fixé par l'éditeur a bien sûr affronté de nombreuses attaques au cours des années (de la part de la Fnac entre autres), ce qui le ne l'empêche pas d'être encore en place aujourd'hui. Cependant de nombreux indices laissent envisager, sinon sa disparition, tout du moins de sérieux aménagements.
Il y a d'abord eu la victoire en appel d'Amazon contre le Syndicat de la librairie française, au sujet de la gratuité des frais de port mise en place par le premier cité. Si elle peut apparaître logique (les frais de port n'appartenant pas, à priori, au prix de vente), cette décision valide de fait le système de marges arrières institué par Amazon. En l'occurence et de façon identique aux pratiques des grandes surfaces alimentaires, ce n'est pas le vendeur qui assume les frais de port mais les éditeurs. On notera d'ailleurs que si ces frais sont généreusements "offerts" sur les livres, l'achat de disques nécessite toujours une dépense minimale de 20 euros pour prétendre au même cadeau.
Il y a surtout un contexte actuel de "défense du pouvoir d'achat", lequel accélère encore ce sport national qu'est la réflexion à court terme. Un amendement visant à vider la loi de sa substance a ainsi été déposé récemment par plusieurs députés. Jusqu'ici discrète, la Ministre de la Culture Mme Albanel s'est fendue d'une déclaration publiée par Le Monde. Si elle se déclare "ouverte à la discussion", elle ne manque pas de rappeller les risques encourus sur les plans culturels et, surprise, économiques :
"Croire que l'on fera ainsi baisser le prix du livre est également une illusion. Les chiffres nous montrent au contraire que la loi est tout sauf inflationniste : ces dernières années, l'évolution du prix du livre a été inférieure à celle de l'indice général des prix à la consommation. L'Angleterre nous fournit un précieux exemple a contrario : en 1995, le Fixed Book Price a été abandonné. Depuis, le prix moyen du livre a augmenté de 49,6 %, alors que l'indice général des prix à la consommation augmentait de 27,6 %, soit une différence de plus de 20 %."
Dernier point, à première vue secondaire car plus insidieux. En autorisant les hypermarchés Leclerc à poursuivre leur campagne de publicité en faveur d'une autorisation de vente de parapharmacie en grande surfaces, la cour d'appel de Colmar a du même coup validé le principe d'un lobbying actif visant à modifier l'application d'une loi selon les desiderata de l'annonceur. A quand un encart "Auchan veut vendre les livres moins chers..." ?
Il y a d'abord eu la victoire en appel d'Amazon contre le Syndicat de la librairie française, au sujet de la gratuité des frais de port mise en place par le premier cité. Si elle peut apparaître logique (les frais de port n'appartenant pas, à priori, au prix de vente), cette décision valide de fait le système de marges arrières institué par Amazon. En l'occurence et de façon identique aux pratiques des grandes surfaces alimentaires, ce n'est pas le vendeur qui assume les frais de port mais les éditeurs. On notera d'ailleurs que si ces frais sont généreusements "offerts" sur les livres, l'achat de disques nécessite toujours une dépense minimale de 20 euros pour prétendre au même cadeau.
Il y a surtout un contexte actuel de "défense du pouvoir d'achat", lequel accélère encore ce sport national qu'est la réflexion à court terme. Un amendement visant à vider la loi de sa substance a ainsi été déposé récemment par plusieurs députés. Jusqu'ici discrète, la Ministre de la Culture Mme Albanel s'est fendue d'une déclaration publiée par Le Monde. Si elle se déclare "ouverte à la discussion", elle ne manque pas de rappeller les risques encourus sur les plans culturels et, surprise, économiques :
"Croire que l'on fera ainsi baisser le prix du livre est également une illusion. Les chiffres nous montrent au contraire que la loi est tout sauf inflationniste : ces dernières années, l'évolution du prix du livre a été inférieure à celle de l'indice général des prix à la consommation. L'Angleterre nous fournit un précieux exemple a contrario : en 1995, le Fixed Book Price a été abandonné. Depuis, le prix moyen du livre a augmenté de 49,6 %, alors que l'indice général des prix à la consommation augmentait de 27,6 %, soit une différence de plus de 20 %."
Dernier point, à première vue secondaire car plus insidieux. En autorisant les hypermarchés Leclerc à poursuivre leur campagne de publicité en faveur d'une autorisation de vente de parapharmacie en grande surfaces, la cour d'appel de Colmar a du même coup validé le principe d'un lobbying actif visant à modifier l'application d'une loi selon les desiderata de l'annonceur. A quand un encart "Auchan veut vendre les livres moins chers..." ?
3 commentaires:
je ne pense pas à Auchan mais Leclerc qui met une phrase assez particulière sur ses prospectus aux pages livres : "Prix public éditeur. La loi ne nous permet pas de publier le prix E.LECLERC hors du lieu de vente." Le consommateur lambda va imaginer que le méchant gouvernement empêche le gentil Leclerc de faire des prix moins chers. Enfin, je pense...
Avant la loi ( et même pendant plusieurs années après la loi ) Leclerc vendait les livres ( enfin les rares livres - surtout des BD - présents dans ses magasins ) à des prix très bas et a toujours critiqué le prix unique du livre.
Personnellement, je suis très partagé sur ce prix unique. Il a permis de sauvegarder le métier de libraire ( contrairement aux disquaires qui sont en concurrence assez déloyale avec les "grandes surfaces culturelles" ) et de ne pas trop subir les fluctuations du prix du papier mais aussi maintenu artificiellement haut le prix de certains livres.
La vente sur internet pourrait de toute façon progressivement mettre à mal la loi.
La loi Lang a été assez écornée, du point de vue des bibliothèques, par la limitation des remises à 9%. Certaines structures, passées de 25% à 9% ne s'en sont toujours pas remises, les moyens budgétaires n'ayant pas suivi. Quant aux petits libraires, écoutez-les un peu et vous verrez que ça ne leur a pas permis de survivre plus longtemps non plus : Avec le plafonnement, que leur restait-il pour faire face aux grossistes ? Rien si ce n'est cette notion de "service" si floue dans les marchés publics. Pour les délais ils étaient déja out. Le critère prix étant annulé de fait dans les marchés, et les budgets se reduisant, qu'ont fait les bibliothécaires? Ils ont privilégié les délais. C'est à dire qu'ils ont pénalisé les petites librairies sans personnel.
Alors il y a des fois où je me dis que si Leclerc ou autres pouvaient nous redonner du pouvoir d'achat, répondre aux marchés,je ne serais pas contre pour certains lots de litterature generale. Comme dit Lyle, Leclerc l'a déja fait. Et c'est vrai que la vente en ligne leur fait peur à tous. De toutes façons il faut bien que ça bouge quelque part. Financièrement, moi je ne m'en sors plus, avec en plus les besoins croissants sur le DVD et le prix des droits, on plonge.
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