mardi 31 mars 2009

Coup de coeur : Emmy The Great - We almost had a baby



Single extrait de l'album "First love" [TBC, 2009]


C'est encore une jolie découverte de Twist que Emma-Lee Moss, folkeuse originaire de Hong Kong qui vient de sortir son premier album. Et son single inaugural, paru voici quelques mois, la place d'entrée en première division. La voix décidée, claire, un rien vibrante la rapproche de Martha Wainwright. Si aucun refrain ne se dégage, on s'incline devant la beauté des mélodies et des arrangements (l'entrée du violon en fin de couplet est un modèle du genre). Comme toutes les bonnes chansons folk, "We almost had a baby" raconte une histoire ; le phrasé est parfait, le texte simple et sans pudeur. On pense à Suzanne Vega, on savoure les choeurs qui s'installent au fur et à mesure. Et on la repasse encore.


Well you didn’t stop
When I told you to stop
And there was a month
That I wasn't sure

The next time I saw you
Out on the river
I'd have something to say
Other than "pay me all of the money you owe"

I would have liked to
To have something above you
To have something to hold
And know I could choose to grow

I would've called you
And I'd have said "hey
You know I'm in control
I'll let you know if you have to come and choose a name"

Well, I am a woman
But before I met you
I was only a kid
You know
When you thought you would break me
But you wanted to take me
So you did.

And I will think of you now
That we are apart
I've put my hand across my gut
I plan to beat it with a heart

I'm not the girl you remember from the start
I was only a baby
Now I'm what you made me

For once, you hit the spot
Twice, you let it fall
And once I tried to make a light
To keep myself in yours

Do you think of me
When you are playing?


mardi 24 mars 2009

Rencontres de l'ACIM : un point sur les aspects juridiques

L'ouverture de ces rencontres nationales a permis d'aborder en profondeur l'angle juridique des musiques en bibliothèques, sujet ô combien épineux : absence de "fair use", multiplication des jurisprudences, modifications législatives en cours... L'introduction de Gilles Vercken, avocat, et les débats qui ont suivi (notamment entre représentants de la SACEM, du SNEP, de juristes et de professionnels des bibliothèques) ont délimité assez clairement les possibilités que les lois sur les droits d'auteurs offrent aux bibliothèques en dehors du prêt : elles sont quasiment nulles.

- Le point "c'est-moi-qui-l'ai-fait" : sorti des œuvres tombées dans le domaine public (du moins jusqu'à l'extension programmée de la durée de protection des interprétations), tout est protégé. Chanson, texte, pochette, rien ne peut être communiqué ni présenté sur un site web sans l'autorisation expresse des ayant droits. Même dans le cadre d'une structure non commerciale, même dans un but de promouvoir l'artiste. Reste qu'en pratique, le risque d'être poursuivi pour affichage sauvage de pochette de disque est plutôt réduit.

- Le point pratique "deezer à la médiathèque" : comme je le craignais, l'affichage de playlists Deezer sur le site ou le catalogue d'une bibliothèque est légalement impossible, l'utilisation du service n'étant permise que dans le cadre du cercle de famille comme précisé dans les conditions générales du site (on sait que les bibliothécaires forment une grande et heureuse famille, mais tout de même...).

- Le point "vous-perdez-rien-pour-attendre" : interrogé au sujet de l'absence de rémunération concernant le prêt des disques en bibliothèques (contrairement à leurs petits camarades documentaires), M. SNEP a admis regretter que des problèmes de contrats propres aux artistes ne lui ait point permis de traiter ce dossier en temps voulu. Fort heureusement, la clarification de ces soucis internes va lui laisser tout loisir d'étudier de près la question du prêt en ligne dès que ce dernier se sera généralisé. Gare à nos fesses, les intérêts vont être à la hauteur.

- Le point "DADVSI et HADOPI, c'est beau la vie" : souvenez-vous de l'espoir qu'avait fait naître la mention d'une exception "Bibliothèques" au cœur du code de la propriété intellectuelle. En théorie, sont donc possibles les "reproductions spécifiques effectués par des bibliothèques accessibles au public, des musées ou par des services d'archives, qui ne recherchent aucun avantage commercial ou économique direct".
En pratique, cette autorisation est assortie d'une condition pour le moins floue : "ne pas porter atteinte à l'exploitation normale de l'œuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l'auteur". Qu'un ayant droit signale son mécontentement lors d'une numérisation et l'exception deviendra aussi imperméable qu'un PC dépourvu de pare-feu. Et quand bien même, elle n'autorise que l'acte de reproduction... et non celui de communication au public, malgré une louable tentative d'amendement de la part de l'Association des professionnels de l'information et de la documentation (qui n'a cependant pas dit son dernier mot).

L'analyse de cet impressionnant arsenal législatif touchant à sa fin, les bibliothécaires musicaux présents ont pu savourer à sa juste valeur l'analyse de David El Sayegh, (directeur des affaires juridiques et prochain directeur général du Syndicat National de l'Edition Phonographique) : "Vous les bibliothécaires, vous êtes des très bons lobbyistes !"

Uh uh.



mercredi 18 mars 2009

Denison Witmer - Carry the weight [2008]



Label : Razor & Tie
Indice PCDM : 2.3 - Folk

Il y a des périodes où la musique ne passe plus, où l'on se lasse même d'écouter ses disques préférés. Puis on finit par ouvrir l'excellent n°2 du magazine Eldorado où l'on tombe sur un article dédié aux nombreux camarades de jeu de l'infatigable Sufjan Stevens. On teste... et la foi revient. Avec dix ans de carrière et sept albums dans la musette Denison Witmer n'a pas le profil d'un jeune premier ; c'est un songwriter rodé dont le style s'est patiemment affiné et qui semble aujourd'hui toucher au but. Ne m'étant pas encore procuré son dernier-né, je me suis délecté des titres mis à disposition sur sa page myspace... magie d'Internet. On y sent l'influence de l'inévitable Elliott Smith, qui hante toujours la scène indépendante américaine. Et derrière ce paravent d'arpèges se dessine d'autres sources héritées de la Californie des années 70 (Curt Boettcher, Cat Stevens, si vous m'entendez...). Après deux titres classiques que ne renieraient pas les fabuleux The Innocence Mission, on tombe amoureux de Life before aesthetics, de son rythme enlevé et de son savoureux gimmick à l'orgue. On fond finalement à l'écoute de Little flowers et Steven pour constater que les précédents opus du troubadour de Philadelphie valent également le détour. Fichtre, où ai-je encore mis ma carte bleue ?

Page Myspace