mardi 25 septembre 2007

Vous avez dit "médiathèques" ?

On reproche souvent aux bibliothèques municipales françaises une tendance à sacraliser l'objet-livre au détriment d'autres supports artistiques qui gagneraient pourtant à être mieux considérés. Le terme de "médiathèque" est né précisément d'une idée nouvelle à l'époque, celle de proposer alors systématiquement au prêt des disques et des vidéo afin que le cinéma et la musique, parfois tenus pour des "loisirs de saltimbanques", intègrent de façon visible ces établissements au même titre que la si chère littérature.

D'où la surprise suscitée par mes considérations franco-françaises à la lecture du règlement des bibliothèques de la ville de Québec :


L'abonnement au Réseau des bibliothèques de la Ville de Québec permet :
- l'emprunt gratuit de 10 volumes et périodiques pour 21 jours;
- la location de best-sellers pour 21 jours au coût de 3,50 $ par document;
- l'emprunt gratuit de vidéocassettes ou DVD documentaires pour 21 jours;
- la location de vidéocassettes ou DVD de fiction au coût de 1,50 $ par film pour 3 jours;
- la location de disques compacts au coût de 1,50 $ par disque pour 21 jours;

Patatras, mes belles idées s'envolent. Nous observons ici une séparation nette (matérialisée par les termes antagonistes "emprunt gratuit" et "location") entre la culture dite classique d'une part (monographies, romans peu vendus, documentaires) et une offre de loisirs (best-sellers, disques, films de fiction) de l'autre, cette dernière ne pouvant prétendre à la même facilité d'accès.

Serait-ce pour préserver l'idée qu'une bibliothèque reste avant tout un lieu de culture et non de loisirs ? Si oui, peut-on affirmer que les symphonies de Chostakovich, le "Kind of blue" de Miles Davis, le "Revolver" des Beatles n'appartiennent pas à cette Culture du seul fait de leur statut d'oeuvres musicales ? Pourquoi la filmographie d'Orson Welles ou de Charlie Chaplin ne seraient-elles pas plus instructive qu'un documentaire gravé sur un DVD ?
A moins qu'il s'agisse d'une question de droits.

Si des Québecois, bibliothécaires ou non, passent un jour en ces lieux, j'aimerais sincèrement avoir leur opinion sur ce point.


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