jeudi 30 décembre 2010

The Understudies - Wanting vs Getting [2010]


Il existe peu d'objets aussi attachants qu'un EP, opus furtif qui semble offrir le statut de single à chaque titre qu'il contient. Et ça tombe bien, car il existe peu de groupes aussi attachants que les Understudies. 

Non pas qu'il soit facile d'écrire à leur sujet cependant. Provenant de divers coins de la Grande-Bretagne, le quatuor ne laisse pas transparaître de filiation claire à laquelle les rattacher : sur Myspace, leur rubrique "Influences" affiche pas moins de 67 groupes divers et variés, agrémentés d'un ironique "We sound like all of the above but different and not quite as good.". Et de fait on ne saurait résumer leur son à un énième Belle-and-Sebastian-like. Tout au plus repérera-t-on une touche de Tindersticks, un brin de The Auteurs dans la voix, voire un petit air de Butcher Boy - pour celles et ceux qui ont la chance de connaître ce somptueux songwriter écossais. Principaux atouts des Understudies : une section rythmique aussi discrète qu'efficace, la guitare tranchante et les pas de danse de Brian, les chœurs judicieux de Bree, un indéniable potentiel charme... et surtout des chansons polies avec soin. Portée par une ligne de clavier, "My Life Is Not a French Film" se démarque par un refrain irrésistible tandis que "Signals Passed At Danger" permet à la voix de Bree de passer en pôle position. Quant à la délicate "A Girl I Used To Knock About With", je l'avais découverte au sein de la Church Stage d'Indietracks - un an et demi déjà. Comme chantait Curt Boettcher, I love you more each day.

lundi 27 décembre 2010

The Felt Tips - Living and Growing [2010]


"Influences: Whatever we can see looking through your window with our binoculars"
Tout comme The School, les Felt Tips ne remporteront probablement pas un premier prix d'originalité - mais franchement, ce terme a-t-il encore un sens en 2010 ? Après plusieurs EP publiés chez Cloudberry et Weepop, c'est sur l'excellent Plastilina que leur revient l'honneur de sortir un album en bonne et due forme : dix éblouissantes pop-songs qui dépeignent le quotidien en visant souvent en dessous de la ceinture. Le ton est donné dès le communiqué de presse : "…like that time you fumbled around with a condom in your darkened bedroom while trying to keep the mood alive – well, The Felt Tips were there watching you." Voyeurs donc. De fait, difficile de ne pas sourire - jaune - à la découverte de A Life More Ordinary, de l'excellente Not Tonight ou de la trop lucide Dear Morrissey. Mais si ce dernier titre témoigne d'un accablement résigné face aux récents opus de notre Castafiore aux glaïeuls la musique du quatuor écossais se pare souvent de l'immortel éclat des Smiths, tant dans cette voix vibrante que dans les superbes séries d'arpèges de Miguel Navarro qui ne laissent aucune place aux temps faibles, sur scène comme sur disque. Mais l'intro de Boyfriend Devoted vous en dira plus à leur sujet que n'importe quelle chronique, so just listen!


mercredi 22 décembre 2010

Glasgow Popfest - last day

Dimanche 5 décembre

Rien de plus agréable qu'un passage chez Mono pour démarrer la journée avec le ventre et le sac à disques pleins. Et coup de chance les concerts ont cette fois lieu au Stereo, confortable pub placé en centre-ville. Nous entamons nos premières pintes sans nous douter qu'une erreur de planning du bar a privé les groupes de soundchecks et considérablement retardé l'ensemble des réjouissances, semant une nouvelle fois la panique dans l'organisation ; nos charmants hôtes ont heureusement les nerfs solides... Coup d'envoi donné par Maple Leaves, groupe que j'avais découvert l'année dernière au bas d'un flyer de l'excellent club Half My Heart Beats. Ils ont depuis été adoubés par Stuart Murdoch, séduit par la superbe voix d'Anna Miles... que l'on n'entendra pas aujourd'hui pour cause d'angine. Nevermind : leur jeune guitariste chante également très bien. - mais évite la superbe "Kirsty", dommage. Belle & Sebastian style.


The Cavalcade sont toujours aussi discrets, on a en permanence l'impression de devoir tendre l'oreille pour mieux saisir leurs arpèges et leurs chuchotements. Et "Meet You In The Rain" est toujours aussi belle. Entre temps The Social Services ont constitué une jolie découverte toute en pop-songs nonchalantes - pas de disques en vue sur la table de merchandising, dommage. Après un moment de repos pris à l'étage nous revenons pour profiter de l'excellent set électro-rock de Nanobots. Seigneur, ces tenues de scène ! Prestation aussi improbable que fichtrement jouissive.

Combien de concerts vus, de pintes descendues à cet instant ? Le compte est perdu mais vingt-cinq de chaque semble un chiffre raisonnable. Reste une triplette de vétérans à applaudir. The Just Joans tout d'abord, que j'aurais vu quatre fois cette année, affichent une humeur joviale qui rend leur prestation bien meilleure qu'à Indietracks. Un bon moment pour mettre la main sur leur nouvel EP publié chez Weepop. Egalement vus cet été, The Orchids livrent un set plein d'énergie - vital au moment où nos forces déclinent. Je guette l'immense "It's Only Obvious" mais le concert s'interrompt brutalement à la demi-heure pour cause de créneau dépassé, laissant la salle dépitée. The Hardy Boys doivent immédiatement enchainer, pour ce qui sera le dernier concert et le dernier coup de cœur du weekend. Leurs compositions sont riches et entrainantes, boostées par les choeurs de Kat King. Retour au stand de disques !

I know it's over, et les valeureux survivants se dispersent dans les bars du centre pour partager les derniers verres. On ne s'en doute évidemment pas, mais il nous faudra trois jours pour regagner  péniblement Paris après plusieurs vols annulés : 15cm de neige suivis d'une chute du thermomètre à -12°, de quoi ridiculiser un peu plus la panique francilienne. Mais ça valait le déplacement... Mille mercis à Bubblegum records et see you soon Glasgow!


vendredi 17 décembre 2010

Glasgow Popfest - 2nd day

Samedi 4 décembre

Performance à signaler : le froid est encore plus vif que la veille et le retour à pied du West End prend des airs d'Holiday On Ice où le moindre trottoir tente de nous envoyer cul par dessus tête. Un climat qui n'est pas sans conséquences sur le programme de la journée : outre les Hermit Crabs, on apprend rapidement l'absence de The Electric Pop Group et de Zipper, soit les deux têtes d'affiches de la journée.

Nous sommes parmi les premiers à atteindre la salle et l'après-midi commence gentiment, sans que les premiers groupes ne me laissent de souvenirs marquants (hormis les Belle Hops, plaisantes dans un style néo girl groups). La température reste exceptionnellement basse mais les choses s'arrangent une fois localisé le système de chauffage et les réserves de vin chaud. Auteur en 1969 du superbe "Nightmare of J.B Stanislas", Nick Garrie offre un set acoustique ponctué d'une chanson en français qui fait bondir notre petite bande à la grande surprise du bonhomme : "Quoi ? Il y a des gens qui sont venus de France ici ?". Et cinq pintes de se lever fièrement dans la foule.
Dès lors les dédicaces au "people from Paris" deviendront un passage quasi-incontournable de chaque concert, prenant au fil du weekend une allure de charmant running gag. Je manque ensuite une partie des excellents Lovely Eggs, occupé que je suis à partager une pause cigarette avec Nick Garrie : l'homme est passionnant et parle un français parfait. "The Starlets ont été appelés en remplacement, il ne faut surtout pas les rater", assure-t-il. Oh ? Jamais entendu parler mais c'est noté. Nous retrouvons en attendant les Betty & the Werewolves qui arrivent au compte-gouttes, croulant sous leurs instruments, tandis que des plateaux de sandwiches font leur apparition - charmante attention des organisateurs. Ces derniers ont sonné le rappel pour pallier aux absences, et les Understudies font leur retour devant une assistance ravie de l'aubaine. Excellents une fois encore, vivement qu'ils viennent à Paris !
Nouveau tour rapide à l'extérieur et retour dans les temps alors que commence la première chanson des mystérieux Starlets...

Oh le choc. Oh bon sang.
C'est une claque qui nous attend, et la plus belle surprise musicale qu'on ait vue depuis des années. Ce premier titre est déjà parfait. Excellent frontman, Biff Smith enchaîne vannes et pas de danse entre les titres - et ils sont drôles en plus ! Formation classique guitares / basse / batterie agrémentée d'une violoniste et du trompettiste de Camera Obscura, chansons mélancoliques et rythmées, orchestrations belles à en pleurer. Il fallait voir notre petite troupe, plus aux moins rompue à ces marathons pop, rester bouche bée tout au long de ces trop courtes quarante minutes. Conclusion sur l'épique "Tenterhooks" avec larmes aux yeux en prime. Seigneur... Aucun groupe ne devrait avoir à enchaîner là dessus mais les Betty & the Werewolves ne sont pas les premières venues. Propulsées en tête d'affiche, elles attaquent d'emblée avec "Euston Station" et "The Party" et gardent le cap tout au long d'un concert furieusement électrique. Sourire jusqu'aux oreilles, Emily nous dédicace "Tu Veux Jouer" en riant - "I don't think I'll play this one in Paris next month... because my French is terrible!".
La fatigue nous assaille en fin de soirée alors qu'il ne reste guère que nous dans la salle, tous réfugiés près du chauffage. Mais notre tentative de départ est contrée par le DJ qui balance une série d'anthologie : Allo Darlin', The Smiths, The Sea Urchins, Belle & Sebastian, Camera Obscura ! Aucune chance : les manteaux sont jetés au sol et notre dernière dose d'énergie éclate sur la piste, à danser et finalement courir tout autour de la salle sous les yeux amusés du staff et des organisateurs. Premiers arrivés, derniers à partir.

"As I darted about at about 1.45am, I think, my eyes began playing tricks on me. Maybe I was too tired? Perhaps, I had too much mulled wine? Nope! My eyes told the truth our friends from Paris, Sweden and the lovely Werewolves had decided, dancing? We don’t need no stinking dancing! So, they began running around the dance floor – in large circles?!? Colin continued with his set, I imagine with a wry smile on his face, and ended the night with Camera Obscura much to the delight of remaining runners – several had been ushered into taxis by this point. All was quiet. I grabbed my bag and walked the ice rink of death - home alone, cheeks ruddy and stupidly happy." (Gary, Bubblegum records)

mercredi 15 décembre 2010

Glasgow Popfest - 1st day

 
Vendredi 3 décembre
J'ai beau adorer Glasgow, il fallait être sacrément motivé pour tenter le voyage en priant pour slalomer entre les intempéries ; mais avec 28 concerts pour la somme ridicule de £20 le jeu en valait largement la chandelle... Deux heures de retard, un passeport perdu à l'aéroport et une grosse dose de stress plus tard, nous voilà cheminant le long d'une ruelle verglacée pour atteindre le Studio Warehouse. Brrr, il fait presque aussi froid à l'intérieur ! Des bonbons et des sucettes géantes sont stratégiquement placés à l'entrée, idéal pour se mettre dans l'ambiance. The Occasional Flickers ouvrent très joliment le bal avec une série de pop songs accrocheuses. "Rucksack", notamment, me colle un sourire durable.

Le set convainquant de Cineplexx me donne une nouvelle occasion de passer au merchandising (iiiih, des disques ! Et du vin chaud gratuit !). Et je suis enchanté de revoir les Understudies, un groupe que j'avais découvert à Indietracks 2009... Ils sont encore meilleurs aujourd'hui, comme le résume Nick Garrie : "Un guitariste qui chante et bouge impeccablement, une claviériste sexy qui fait de bons chœurs, ils ont tout ce qu'il faut !". Les extraits de leur nouveau EP ("My Life Is Not a French Film" et "Signal Passed At Danger" notamment) sont salués par le public dont l'enthousiasme tient tête au froid ambiant (avec l'aide salutaire du mulled wine). Il est déjà plus d'une heure du matin, et histoire de poursuivre sur la même voie les Felt Tips sont chargés de finir la soirée. Prestation parfaite et très rythmée des locaux, dont les textes un brin voyeurs font naître nombre de sourires entendus aux alentours. Quoi de plus agréable que de savourer le concert d'un groupe que l'on fera jouer quelques mois plus tard ? (le 19 mars en l'occurrence). Leurs guitares terriblement jangly évoquent une version écossaise - et perverse - des Smiths, ici immortalisée par Jennifer :

L'heure tardive de fin des concerts n'empêche pas une after-night quelque peu chaotique, suivie d'une trop courte récupération en vue du all-dayer prévu le lendemain. See you tomoRRow.